Etant la première destination touristique du monde, la France, met à disposition, depuis une longue période, ses expériences concernant la valorisation du patrimoine culturel et historique de la Macédoine et la promotion du développement touristique. N’ayant pas de côtes littorales, la Macédoine doit jouer la carte du tourisme alternatif et tenter de profiter durablement et au maximum de cette ressource économique, soulignent les experts français en tourisme. Depuis peu de temps l’accent est mis sur la ville de Tetovo et la montagne Shar, dont la nature impressionnante a bouleversé le groupe de touristes français qui les a visités.
Par Branka Donevska-Naidovska
Les Français découvrent les montagnes macédoniennes
Le groupe de touristes français, venu de la région des Hautes-Alpes, qui s’est promené pendant une dizaine de jours à la montagne Shar, a quitté notre pays impressionné par la nature saisissante et les sentiers de montagne indispensables pour le développement du tourisme montagnard. Selon Yves Fouque, formateur au sein du Centre pour des recherches européennes dans le domaine du tourisme, qui examine, depuis 2006, le potentiel de la Macédoine concernant le tourisme montagnard en coopération avec les collègues du projet de la coopération décentralisée entre la région française des Hautes-Alpes et la ville de Tetovo, cette catégorie de touristes venant des pays occidentaux ne veut pas de grands hôtels, mais une expérience plus intime, un contact avec la population locale, des randonnées et une jouissance de la nature, une possibilité d’explorer la flore et la faune locales. Il croit que la région de Tetovo a offert exactement cela et ajoute qu’il ne faut pas détourner l’attention du tourisme massif, mais qu’il faut se tourner plutôt vers le développement durable du tourisme alternatif en respectant l’environnement.
« Ce type de tourisme n’exige pas de gros investissements étrangers. Il nécessite de petits fonds familiaux et l’avantage sera, bien sûr, jouit par toute la population locale. Ce genre d’activité créera, à court et à moyen termes, des nouveaux postes d’emploi et des revenus, ce qui soulèvera le niveau de vie dans une commune rurale. Cette pratique touristique est toujours inconnue dans les Balkans, notamment en raison du doute qu’elle peut être fructueuse », dit Fouque qui vient de Briançon, une commune française située dans le département des Hautes-Alpes avec une population de 130.000 habitants. Il argumente qu’après une trentaine d’années de travail, le tourisme montagnard est y devenu une véritable industrie dont le profit annuel est un milliard d’euros. D’après Jovan Bozhinovski, représentant du club de montagne « Ljuboten » de Tetovo, la coopération avec Yves Fouque et le département des Hautes-Alpes, soutenue par le Ministère des affaires étrangères de la France, a été principalement initiée par le président de l’Association macédonienne de guides internationaux de montagne Konstantin Tsiriviri. Le Club a commencé très vite à travailler conjointement avec l’Alliance française de Tetovo et la municipalité de Tetovo. Cette coopération résultait de quelques projets et d’un guide touristique sur la montagne Shar.
« Nos objectives étaient de compléter la formation des guides professionnels, de former tous qui sont inclus dans le tourisme montagnard, de sensibiliser la population au tourisme montagnard, aux possibilités et aux plans futurs concernant le développement de la région de la montagne Shar comme une destination touristique, d’élaborer des brochures et enfin d’entrer en contact direct avec la clientèle française ! Tout cela nous oblige de continuer de travailler dans cette direction, de travailler avec des gens habitant les communes locales, de mettre en place une infrastructure montagnarde adéquate, de promouvoir et de vendre tout cela sur le marché international ! », dit-il et explique que 70 pourcents des sentiers montagnards sportifs en Macédoine sont déjà marqués, mais qu’il faut aussi mettre en place une infrastructure qui répondrait aux besoins de ces touristes : des sentiers plus légers, des randonnées pédestres durant 3 heures au maximum, des endroits de repos, des panneaux d’information sur la flore et la faune typiques pour la région, comme dans le parc national « Mavrovo ».
L’étape suivante, selon Bozhinovski, est la construction de plusieurs auberges et petites maisons de montagne tout le long des chemins pédestres, mais il souligne que pour le moment il n’y a aucun intérêt pour le financement de ces projets. Cependant, ils concourront pour les fonds IPA et contacteront les facultés de tourisme pour éveiller l’intérêt des étudiants.
Selon l’expert français Fouque, ce que la Macédoine manque, c’est une image. « L’image peut s’améliorer par le contact direct des touristes avec la population locale, par des reportages publiés dans des magazines et sur des sites web qui sont lus et visités par gens intéresses au tourisme montagnard et non par des clips vidéo qui saturent les touristes des pays occidentaux. Vous pourriez trouver cela bizarre, mais la Macédoine est beaucoup plus grande que vous imaginez », finit Fouque.
Ce projet comprenait aussi la publication du guide de montagne « Une promenade à la montagne Shar » en quatre langues : macédonienne, albanaise, française et anglaise. De plus, la municipalité Tetovo a créé un site web où l’on peut trouver une carte interactive de la région et un bureau touristique y sera très bientôt ouvert. A part cela, quatre représentants de cette municipalité ont visité la commune française Briançon afin d’obtenir une formation portant sur la gestion des ressources aquatiques et détritus et l’organisation touristique. Paul Chambry, le directeur de l’Alliance française de Tetovo, dit que tous ces efforts sont faits pour que la deuxième groupe de touristes français soit mieux accueilli.
Étant la première destination touristique du monde, la France, met à disposition, depuis une longue période, ses expériences concernant la valorisation du patrimoine culturel et historique de la Macédoine et la promotion du développement touristique. N’ayant pas de côtes littorales, la Macédoine doit jouer la carte du tourisme alternatif et tenter de profiter durablement et au maximum de cette ressource économique, soulignent les experts français en tourisme. Ayant en considération le grand potentiel touristique, plusieurs partenaires français ont remarqué différents aspects du pays. A cet égard, des formations techniques pour les guides touristiques macédoniens s’organisent chaque année depuis 2005 et le Lycée des métiers de l’hôtellerie et du tourisme est devenu, il y trois ans, partenaire avec l’Organisation internationale de la Francophonie et l’ Ambassade de France et coopère aussi avec une école de la ville jumelle de Dijon. Un échange est aussi établi entre la Faculté de tourisme d’Ohrid et les services de formation du personnel technique de Deauville, Normandie. « Quatre représentants de la municipalité de Tetovo ont séjourné à Briançon à l’occasion d’une formation dans le domaine de la gestion des ressources aquatiques et déchets et de l’organisation touristique », ajoute Paul Chambry, le directeur de l’Alliance française de Tetovo. Les pages du magazine français « Montagne » ont été récemment enrichies avec un article sur la montagne Shar.
La Macédoine possède un grand capital naturel
« La Macédoine dispose d’un capital naturel, d’une flore et d’une faune qui méritent d’être découvertes. Je souhaite que beaucoup plus Français viennent et voient les beautés de votre pays », a dit l’ambassadeur de France en Macédoine Jean-Claude Schlumberger lors de la conférence de presse où étaient présentés les résultats de la coopération décentralisée entre la région française des Hautes-Alpes et la municipalité Tetovo. Schlumberger a mis accent sur l’importance de cette activité en ajoutant que le développement du tourisme rapprochera la Macédoine et la France au niveau humain. « La coopération établie permet aux représentants des régions et municipalités françaises de venir en Macédoine et de réaliser certains projets. La France attache trop d’importance à ces projets. Le Ministère d’affaires étrangères français est un des partenaires de cette coopération », a accentué Schlumberger.
Photo : Autoroute Skopje-Tetovo. Popova Shapka. © Julie Quetier