Les obstacles à la mobilité internationale des étudiants macédoniens ? L’incompatibilité des cursus avec le système européen, l’absence de soutien financier et un accès malaisé à l’information. Telles sont les conclusions d’une table ronde organisée le 4 mars 2008 à Skopje par le Courrier de la Macédoine.
Par Thomas Claus
Quelles opportunités les étudiants macédoniens ont-ils de participer à un programme d’échange international ? Comment sont gérés ces programmes en Macédoine ? L’information circule-t-elle correctement ? Voici quelques unes des questions auxquelles un panel d’acteur du monde universitaire macédonien a tenté de répondre le 4 mars dernier lors d’une table ronde organisée à Skopje par le Courrier de la Macédoine (CdMk).
Pour répondre à ces questions, le CdMk a invité Zamir Dika, pro-recteur de l’Université de l’Europe du Sud-Est (Tetovo), Nada Atanasovska, représentante du ministère de l’Éducation, Viktor Gerasimovski de l’organisation étudiante AEGEE, Snežana Gorgievska de l’organisation étudiante BEST et Ljubica Grozdanovska, journaliste. Danica Tuntevska, journaliste au quotidien Dnevnik a fait office de médiatrice. L’Université Saints-Cyrille-et-Méthode (Skopje), invitée, a renoncé au dernier moment à envoyer un représentant.
Point central du débat : la mobilité concerne encore trop peu d’étudiants en Macédoine. « Seuls 390 étudiants macédoniens se rendent à l’étranger pour étudier chaque année. Si l’on compare cela aux 380.000 étudiants du pays, on dépasse à peine la proportion d’un pour cent », affirme Viktor Gerasimovski. Selon lui, la proportion d’étudiants participant à des programmes d’échanges est proportionnellement dix fois plus élevées dans les universités voisines de Sofia et d’Athènes.
En cause, le retard de la Macédoine dans la mise en place des réformes liées à la Déclaration de Bologne, mais aussi une circulation hasardeuse de l’information et l’absence de soutien financier pour les étudiants se rendant à l’étranger.
La Déclaration de Bologne fonde entre autre le Système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS), qui assure la compatibilité des cursus universitaires à l’échelle européenne. Mais en Macédoine, les réformes impliquées par ce système sont encore loin du terme. Zamir Dika affirme que l’Université de l’Europe du Sud-Est (UESE) figure parmi les institutions les plus avancées du pays dans ce processus. Il souligne néanmoins que les réformes ont été compliquées par des résistances dans le corps enseignant et dans le corps étudiant.
Sur le plan financier, le coût d’un voyage d’étude à l’étranger s’est sensiblement réduit en décembre 2007 avec l’instauration par l’Union européenne (UE) d’une procédure de délivrance gratuite de visas pour les étudiants et pour d’autres classes socioprofessionnelles en Macédoine [1]. Mais résider à l’étranger, et particulièrement dans des pays où le niveau de vie est plus élevé, reste très difficile pour les Macédoniens. Or, trop peu d’étudiants ont accès à un soutien financier pour se rendre à l’étranger, rappellent Viktor Gerasimovski et Ljubica Grozdanovska.
Autre obstacle récurrent rencontré par les étudiants : le manque d’accès aux informations portant sur les opportunités d’études à l’étranger. Nada Atanasovska souligne que, trop souvent, ces informations sont habilement réservées à l’entourage des bureaux des relations internationales des universités. Selon Zamir Dika, l’UESE s’est prémunie de ce genre de dérive grâce à un système de communication par e-mail avec l’ensemble des étudiants et du corps académique. Viktor Gerasimovski déplore cependant l’absence, dans le bureau des relations internationales de la plupart des universités, d’une ouverture directe vers les étudiants et d’une démarche volontariste de réponse à leurs questions.
Cette table ronde a reçu le soutien du Conseil régional de Basse-Normandie et de PriceWaterhouseCoopers.
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[1] Lire l’article« Schengen : l’Europe ouvre ses portes aux Macédoniens, mais pas la Grèce ».