Du 10 au 13 mai, Livarot a envoyé une délégation à Berovo. Objectifs : découvrir un territoire et construire les bases d’une coopération solide et concrète. Un journaliste français a suivi cette délégation pour le Courrier des Balkans.
Par Axel Leclercq
Créer des liens, c’est bien. Mais pas n’importe lesquels, et donc, pas n’importe comment. Livarot et Berovo en semblent convaincus. Ces deux villes, décidées à se rapprocher dans le cadre du programme de coopération décentralisée entre la Basse-Normandie et la Macédoine, veulent donner du sens à leur projet. Alors, quand leurs élus respectifs se rencontrent pour la première fois sur le sol des Balkans, ils ne font pas de plans sur la comète. Non, pour ces deux territoires, la visite du 10 au 13 mai à Berovo ne visait qu’un seul but, modeste mais nécessaire : apprendre à se connaître, passage obligé avant d’envisager des échanges concrets.
Le choix de départ d’une coopération renforcée entre les deux villes ne doit rien au hasard. La délégation normande a pu le vérifier au premier jour de son arrivée : Berovo (6 700 habitants à 10 km de la frontière bulgare) est également une commune rurale réputée pour sa production fromagère.
Dragi Nadzinski, le maire de Berovo, se plait d’ailleurs à répéter que sa ville « représente en Macédoine ce que Livarot représente en France ». Et c’est avec une fierté certaine qu’il a ouvert la porte de trois fromageries à ses hôtes Normands. Pour autant de dégustation. Au programme : fromage de vache, de brebis et de chèvre. Interrogé par Daniela, employée de la plus importante fromagerie de Berovo (quinze salariés), François Gilas, président de l’office de tourisme de Livarot, n’a eu qu’un conseil à donner « Surtout gardez un mode de production le plus artisanal possible. Le côté authentique et biologique de vos fromages, c’est un atout pour exporter en Europe. »
Avec une production de deux tonnes par jour, la fabrique n’en est pas encore à vendre aussi loin de ses bases (pour l’heure, elle n’exporte qu’en Croatie), mais qui sait, peut-être que l’expérience normande les y aidera un jour.
La coopération offre là une première piste de travail. Mais une autre, peut-être plus facile à mettre en œuvre, a retenu l’attention de la délégation subjuguée par le potentiel touristique d’une région qui tarde à en profiter. Les forêts, les montagnes, les monastères, l’architecture pittoresque, l’artisanat et les musées… rien de tout cela n’a échappé à Sebastien Leclerc, maire de Livarot. De même que ne lui ont pas échappé l’inconfort de l’hôtellerie, l’absence de sentiers de randonnées balisés, les explications exclusivement données en cyrillique dans le principal musée de la ville et les ordures qui jonchent le bord des routes. Autant de points qu’il a évoqués face aux élus du conseil municipal et à des acteurs du monde économique et social de Berovo réunis pour l’occasion. Un discours de vérité pas toujours agréable à entendre mais qui a plu à Dragi Nadzinski. Le maire de Berovo est sur la même longueur d’onde que son homologue français et entend donner à sa commune le développement qu’elle mérite. L’homme n’a qu’un leitmotiv : atteindre le standard européen, surtout dans la perspective d’une éventuelle adhésion de son pays à l’Union européenne.
Forts de ce constat partagé à la suite d’une visite de trois jours riche en découvertes et au programme chargé, les deux parties envisagent donc déjà de travailler pour donner à Berovo des atouts touristiques à la hauteur de son potentiel. François Gilas est optimiste « A Livarot, on a mis dix ans pour en arriver où nous en sommes. Si Berovo profite de notre expérience, ils pourront aller beaucoup plus vite. » Pour autant, l’heure n’en est pas encore à la précipitation. D’autres rendez-vous sont prévus qui devraient permettre de renforcer la connaissance mutuelle des deux territoires et ainsi de préciser les actions à privilégier.
Le 31 juillet et 1er août prochain, ce sera au tour d’une délégation macédonienne de se rendre à Livarot à l’occasion de la foire aux fromages. Mathieu Vesques chargé de mission entend d’ailleurs faire de la présence de producteurs et d’artisans de Berovo l’une des attractions de l’édition 2010. Et dès la fin août, les Normands seront de retour dans les Balkans pour assister à « l’Ethno-fête ». Et pas seulement pour le folklore. Il s’agira surtout de continuer à construire les bases solides d’une coopération naissante que les uns comme les autres espèrent concrète et constructive.