Les mutuelles, un recours à l’agriculture

 

Selon des experts agricoles, 70% des agriculteurs macédoniens disparaîtront si le pays ne résout pas, avant l’adhésion à l’Union européenne, le problème de la production agricole morcelée et non planifiée. C’est pour cela que le Gouvernement apportera, cette année, 9,1 millions de denars (presque 148.000 euros) en tant que subventions aux agriculteurs faisant partie de mutuelles. La seule condition est d’avoir un programme élaboré et approuvé. Une somme de 4 millions de denars (un peu plus de 65.000 euros) sera versée à toute mutuelle dont le programme serait approuvé avant le 31 mai 2013.

 

Adhésion bénévole aux mutuelles

 

Comme l’adhésion aux nouvelles mutuelles sera volontaire, les agriculteurs devront établir des principes de récompense. Plusieurs raisons peuvent les pousser à se joindre - apport de terre, de bétail, de main d’œuvre, de moyens de production ou même d’actions. Par conséquence, les nouvelles mutuelles se trouvent à la rencontre des secteurs public et privé, explique l’expert agricole Jovan Ažderski, professeur à l’Université «  Saints Cyrile et Méthode » de Skopje, en ajoutant qu’ « il s’agit d’une initiative privée mais les gens travaillent dans l’intérêt commun ».

 

Cette idée a été proposée en Macédoine il y a une dizaine d’année mais n’a pas pris racine. Elle est de nouveau d’actualité ces jours-ci à l’initiative de l’État et grâce à l’intérêt de plus en plus grand  d’agriculteurs. Ceux-ci en auront des bénéfices multiples concernant l’approvisionnement de matériels de production ou d’engrais et leur produit coûtera cher. Ils pourront concourir ensemble au marché  ou travailler sur une production uniforme selon des standards spécifiques. De plus, ils pourront choisir leur propre représentant ou manager qui préserverait leurs intérêts devant le gouvernement, sur le marché et lors de l’exportation.

 

L’Agence pour le Développement agricole est également active dans ce processus. Son directeur, Toni Taskov, assure qu’ils sont quotidiennement sur le terrain pour sensibiliser les agriculteurs aux avantages de la mutuelle. 

 

« Le Gouvernement désignera un gérant qui s’occupera des affaires que les agriculteurs ont jusqu’à présent administrées tous seuls et avec difficulté. Le gérant sera aussi chargé de la modernisation du processus, de la croissance de la production et de la diminution des dépenses dans le but de rendre la mutuelle plus avantageuse sur le marché européen sélectif », informe Taskov.

 

Un grand nombre d’agriculteurs macédoniens intéressés à se joindre aux mutuelles

Les agriculteurs du village d’Ivankovci près de Veles sont aussi intéressés à créer une mutuelle.  Ils ont été parmi les premiers à former leur propre association « Aeropnika » qui deviendra, espèrent-ils, une véritable mutuelle agricole. 

 

« Ce sera mieux pour nous, les agriculteurs. Les coûts seront moindres, les revenus plus grands. Nous espérons pouvoir acheter des semences et des matériels de production moins cher et avoir  de plus grandes subventions par rapport aux agriculteurs individuels », estime son président et agriculteur local, Stojanče Spasič. 

 

Pour le moment, la coopérative en Macédoine est à un bas niveau. Seulement 15 mutuelles fonctionnent activement sur les 52 enregistrées. Une partie des agriculteurs sont toujours soupçonneux quant à la mutualisation leur rappelant la période des années 1950 et 1960 et la confiscation des terres agricoles. 

 

Les experts insistent sur l’objectif des nouvelles mutuelles, c’est-à-dire sur le droit incontesté du producteur lui garantissant la propriété sur les terres. Les agriculteurs macédoniens trouvent que les experts ont raison quand ils soulignent la nécessité d’association par peur que la production des petits producteurs chute s’ils ne se réunissent pas. C’est pour cela qu’ils proposent des lois réglementant l’association des agriculteurs dans des nouvelles mutuelles. En Macédoine, les amendements de la loi sur les mutuelles sont en procédure législative. Des débats publics ont été organisés vers la fin de l’année dernière rassemblant plusieurs experts et agriculteurs.