Des races de vaches de qualité inférieure et une nourriture chère réduisent la production laitière
Nous avons acheté des vaches à crédit, mais au lieu de tirer du lait de celles-ci, nous sommes obligés de traire les chèvres que nous élevons pour nous. C’est ainsi que la famille Aleksov de Kavadarci, éleveurs depuis trente ans, a démarré son récit quand nous leur avons demandé de nous expliquer les raisons du manque de production nationale de lait et de la grande quantité importées. Selon les dernières données de l’Agence alimentaire et vétérinaire, en 2012, il y a eu une augmentation de 7% d’importation de lait par rapport à 2011. C’est environ 40.000 tonnes de lait et de produits laitiers qui ont été importés, dont 20.360 tonnes uniquement de lait. Et si l’on compare à 2012, ce chiffre monte à 15%. La plus grande quantité de lait est importée de Bosnie-Herzégovine, avec 51%, puis de Serbie à 32% et de Croatie avec 13%.
Les agriculteurs voient la raison à cette baisse de la production laitière nationale dans le type de race de vaches élevées chez nous, la nourriture chère, mais également dans le subventionnement de la production dans les pays voisins, dont les éleveurs reçoivent l’argent uniquement s’ils arrivent à exporter le lait en dehors des frontières où il a été produit.
- Nous ne sommes pas du tout satisfaits de la production de lait des vaches. L’importateur à qui nous les avons achetées nous promettait une plus grande quantité de lait et de meilleure qualité, et au lieu de cela, nous avons écopé d’une race de vache sans aucune qualité. Nous avons acheté cinq vaches à crédit et payons 8% d’intérêt mensuel, mais les vaches ne sont pas bonnes. Après le mois de quarantaine, quand nous les avons amenées dans l’étable, elles avaient une maladie contagieuse qui a fait mourir les veaux, quant aux vaches, elles ont commencé à moins produire de lait, de ce fait nous avons dû en emmener certaines à l’abattoir – dit Jordan Aleksov.
Ceci n’est que l’une des raisons de leur mécontentement et de leur décision de continuer à réduire leur troupeau.
- Pour que l’élevage de vaches soit rentable, il faudrait que chaque ferme ait sa propre production de nourriture. C’est le plus important. Dans le cas contraire, il n’y a pas de bénéfices, car acheter de la nourriture toute prête rend ce travail non rentable. Nous avons 18 vaches laitières, mais pour la raison que je viens d’évoquer, nous prévoyons d’en emmener la moitié à l’abattoir. Pour l’instant, nous ne pouvons obtenir des champs appartenant à l’état et sur lesquelles nous pourrions cultiver de la nourriture pour nos bêtes, les nôtres n’étant pas suffisantes. Si nous avions suffisamment de terres pour produire leur alimentation, nous aurions volontiers agrandi le troupeau – déclare Aleksov.
L’entreprise familiale avec les vaches a démarré avec 4 génisses il y a trente ans. En 1992, ils possédaient 50 vaches laitières.
Ils disent être satisfaits de voir que l’état stimule l’élevage des vaches, mais que les subventions doivent être plus grandes pour développer l’élevage macédonien qui se meure progressivement.
- Les subventions pour le tabac sont plus supérieures à celles du lait – remarquent les Aleksovi.
Les chiffres officiels annoncent qu’en Macédoine, la production annuelle de lait par vache atteint péniblement les 3.000 litres. Le prix actuel du lait de 18 à 20 denars pour les producteurs n’est pas satisfaisant car l’alimentation pour les bêtes est trop chère, insistent les producteurs. Les experts disent quant à eux, qu’en dehors de la quantité, le véritable problème chez nous est la qualité du lait. Selon eux, pour produire un lait de qualité il ne faut pas grand-chose. Le plus important est de prêter attention à l’hygiène, de se procurer de la nourriture de qualité, d’augmenter les surfaces de culture de l’orge de 30% et de celles du maïs de 20%, afin que nous puissions avoir notre propre production d’alimentation à bestiaux, qui serait toujours moins chère que celle importée. Les professeurs de la faculté d’agriculture et de l’alimentation déclarent que le problème majeur sont les fermes possédant de une à trois vaches.
Les petites exploitations ne répondent pas aux normes de qualité
Le lait des petites exploitations individuelles de Macédoine ne remplit que 9% des normes européennes de qualité et 45% des normes nationales. Les grandes exploitations, quant à elles, répondent à 90% aux normes européennes. D’après les experts, la composition raciale, l’alimentation, la protection sanitaire et la base de fourrage sont les facteurs clés pour une meilleure production laitière. Les microorganismes, les cellules somatiques, les impuretés mécaniques ne sont qu’une partie des impuretés contenues dans le lait macédonien. Malgré le nouveau règlement déterminant la qualité du lait, peu de fermiers remplissent les normes imposées par celui-ci. Les experts expliquent que le manque d’hygiène au moment de la traite et les conditions inadéquates de stockage chez les petits exploitants sont les principaux responsables de la mauvaise qualité du lait. Si l’on prend en compte le fait que 86,4% des fermes sont celles ayant de une à cinq vaches, et que les analyses effectuées par l’Union Européenne montrent que les fermes rentables sont celles ayant un minimum de 120 vaches, il est facile de conclure que la qualité du lait sera encore très longtemps à un niveau très inférieur.
Svetlana Darudova / Valentina Angelovska