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L’état des lieux des droits des femmes en Macédoine

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La représentation des femmes à tous les niveaux dans l’administration publique est insuffisante, estiment les activistes. Par contre, le gouvernement assure qu’il s’efforce de promouvoir l’égalité des genres dans la société macédonienne.
 
L’Association pour l’émancipation, la solidarité et l’égalité des femmes en République de Macédoine et l’association « Akcija Združenska », soutenues par d’autres organisations de citoyens, ont préparé un compte rendu sur l’état des lieux. Ce dernier concerne l’égalité des genres et la discrimination des femmes en Macédoine, il  stipule que la position de la femme dans la famille ainsi que dans d’autres sphères de la société macédonienne est défavorable. 
 
Le rapport du Comité de l’ONU, dédié à l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, fait aussi appel au gouvernement macédonien. Il lui demande de « modifier les lois nationales sur l’égalité des genres et sur la protection contre la discrimination et d’assurer ainsi une interdiction légale explicite contre toutes les formes de discrimination des femmes, conformément à la promesse donnée en 2009 dans l’examen périodique universel ».
 
Ce rapport met l’accent sur le fait qu’aucune femme n’a été élue maire lors des dernières élections locales. Il insiste également sur le manque d’équité dans la représentation des femmes à tous les niveaux dans l’administration publique, et sur le fait que seulement deux femmes remplissent la fonction d’ambassadrice malgré l’ordonnance de respect du principe de juste égalité des chances lors de la désignation d’ambassadeurs. Enfin, il remarque que seulement 15 contrats sont signés avec des femmes sur les 125 contrats négociés avec le Ministre de l’agriculture, visant à assurer un soutien financier grâce à un plan d’affaires ou à une  demande de crédits du Programme IPARD. 
 
Marija Gelevska, vice-directrice exécutive de l’Association pour l’émancipation, la solidarité et l’égalité des femmes a déclaré à la Voix de l’Amérique :
« Au cours de ces dernières années, on constate une tendance générale visant à promouvoir des valeurs patriarcales traditionnelles et rétrogrades dans les relations entre hommes et femmes par le biais de programmes et de mesures législatives ainsi que par des campagnes médiatiques exceptionnellement chères. Promouvant la famille à plusieurs enfants ou les conséquences de l’avortement, les campagnes médiatiques ont longtemps fait partie du programme de plusieurs médias nationaux et locaux. Pour ce faire, le gouvernement a attribué des moyens considérables du budget, le montant moyen étant 800.000 dollars par campagne. Un tel soutien financier n’a jamais été accordé aux activités et mesures prévues dans le cadre des politiques en faveur de l’égalité des genres et des droits des femmes. Ces campagnes médiatiques ont été accompagnées par la mise en place de mesures légales et par une prestation financière pour la naissance d’un troisième enfant ou des enfants suivants. Malheureusement, dans la situation actuelle où le taux de chômage est très élevé surtout parmi les femmes, ces politiques ainsi que l’allocation d’aides financières pour la naissance d’enfants mènent les femmes à reprendre leur rôle reproductif et diminuent leur statut social ainsi que leur opportunité d’éducation ou de progrès professionnel. 
 
L’accentuation des modèles traditionnels et patriarcaux déjà existants contribue favorablement à la persistance de certaines formes de violence contre les femmes, surtout de la violence conjugale. Les recherches faites jusqu’à présent montrent que le taux de violence conjugale existe de façon constante et très forte depuis les dix dernières années ou plus précisément : 64,8% des femmes ont rapporté avoir été victime de violence psychologique, 27,7% ont été victime de violence physique et 13,8% de violence sexuelle ».
 
Le porte-parole du gouvernement, Aleksandar Gjorgjiev, s’est également prononcé sur la situation de la femme macédonienne dans la famille et dans la société :
« En général, la Macédoine est un pays où l’on respecte les principes de l’égalité des genres. Les campagnes que le gouvernement soutient pour sauvegarder les valeurs traditionnelles sont positives et ne mettent pas du tout l’accent sur le patriarcat. Elles promeuvent les valeurs familiales, la famille étant la cellule fonctionnelle et fondamentale de toute société. De plus, ces campagnes soulignent le rôle de tous les membres de la famille et ne dégradent pas du tout celui de la femme. Elles n’empêchent pas les femmes de bénéficier de leurs droits en Macédoine. Par contre, ces campagnes insistent sur le rôle de la femme en tant qu’agent de changement et titulaire de nombreuses fonctions dans toutes les sphères de la société ».
 
L’activiste Irena Cvetković porte un regard complètement différent :
« Il est extrêmement difficile de parler de la position de la femme macédonienne parce que ce terme n’est qu’une notion générique. Il comprend différents types de femmes vivant ou survivant dans notre société, couvrant ainsi toutes les différences intrinsèques à la « femme macédonienne » dont les différences de classe, de race, de sexe, d’ethnicité… Par conséquence, la position de la femme dans la famille ou dans la société dépend de nombreux facteurs, y compris des campagnes gouvernementales et médiatiques faisant la promotion des valeurs traditionnelles qui n’y contribuent pas favorablement. Par contre, je  trouve ces dernières contre-productives. Ces campagnes encouragées par les sphères de pouvoir, comme l’autorité centrale et les médias, maintiennent les valeurs patriarcales plaçant souvent la femme dans la sphère privée du foyer et lui attribuant le rôle de mère attentive et de bonne épouse ».
 
À la question, pourquoi le gouvernement n’a toujours pas tenu la promesse concernant la  modification des lois sur l’égalité des genres, Gjorgjiev a expliqué :
« L’Assemblée de la République de Macédoine a adopté en janvier 2012 une nouvelle loi sur la juste égalité des chances. Parmi les membres du groupe de travail ayant adopté cette loi, il y avait aussi un représentant de l’association « Akcija Združenska ». Malgré les modifications évidentes, la nouvelle loi intègre toutes les recommandations, directives et conventions. Quant à la loi sur la protection contre la discrimination, il n’est pas toujours évident de définir quelles modifications doivent être faites. En effet, l’article 3 interdit toute discrimination sur la base du sexe et du genre tandis que l’article 15 de la même loi prévoit des mesures de protection particulières concernant les femmes enceintes, la participation égale des femmes et des hommes, les mères seules etc. Les deux lois contiennent des interdictions explicites contres toutes les formes de discrimination des femmes comme celle sur la base de l’accès d’emploi, des conditions de travail et plus généralement sur l’ensemble du droit de travail y compris l’annulation du contrat de travail des femmes enceintes ou des femmes bénéficiant de leurs droits parentaux… ». 
 
« L’égalité des genres fait partie des priorités du Gouvernement de la République de Macédoine qui crée et met en place des politiques et des activités concrètes en n’oubliant pas cet aspect dans tous ses programmes et budgets. Nous nous investissons fortement dans ce domaine conformément aux normes et aux tendances européennes », affirme résolument le porte-parole gouvernemental.
 
« À mon avis, le progrès insignifiant fait jusqu’à aujourd’hui par rapport à l’harmonisation et à la mise en pratique des lois relatives à l’égalité des genres, est dû à deux aspects cruciaux : le manque de volonté politique pour promouvoir de manière sérieuse et responsable le concept de l’égalité des genres et le manque de politiques mises en œuvre assurant l’égalité des genres, la non-discrimination et l‘égalité des chances. Cela explique la disparité évidente entre les déclarations faites et la législation d’une part, et la situation actuelle et la possibilité pour la mise en œuvre des ces politiques de l’autre. Il n’est pas du tout facile de parler de l’égalité des genres qui n’est perçue dans la législation et les institutions qu’à travers le concept du sexe, excluant l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression du genre en tant que constituants importants », estime Cvetković.
 
L’une des remarques faite dans le rapport porte sur le fait que l’État n’assure pas de « ressources financières nécessaires à la mise en place de toutes les activités renforçant l’égalité des genres », c’est pourquoi « les priorités, le dynamisme et les mesures entreprises dépendent considérablement de l’aide financière de l’étranger ».
 
Le porte-parole Gjorgjiev n’est pas d’accord avec cette critique. 
« Dans le domaine de l’égalité des genres, la République de Macédoine collabore avec de nombreuses organisations internationales. L’État dispose d’un système équilibré chargé d’assurer le financement des activités mais aussi un soutien institutionnel. Juste pour vous illustrer, je mentionnerai les programmes spéciaux de soutien financier pour les femmes entrepreneuses, les refuges régionaux pour les femmes victimes de violence conjugale et de trafic d’êtres humains, les appartements gratuits pour les catégories socialement vulnérables y compris les mères seules, ensuite les nombreuses formations sur la notion de genre…. Les budgets des institutions, finançant les centres d’information et de conseil pour femmes victimes mais aussi pour enfants, sont également fonctionnels … ».
 
L’activiste Cvetković reste sur sa position. À son avis, le problème réside toujours dans le manque de volonté politique pour promouvoir le concept de l’égalité des genres.
 
 
Français
21.03.2013
Source: www.mk.voanews.com

 

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